RS 300
Objet de design, design de l'objet.
Parler du RS 300, c’est d’abord et avant tout poser des questions : hormis les bateaux de jauge à développement, et particulièrement le Moth International, y-a-t-il eu dans l’histoire des dériveurs de série quelque chose d’aussi surprenant et d’aussi attirant à la fois ?
Pourquoi ce bateau dont le développement est resté limité continue-t-il de garder ses passionnés et pourquoi tous ceux qui parlent de leurs navigations en RS300 le font avec des étoiles dans les yeux ?
Pourquoi enfin ce bateau que tout le monde décrit comme extraordinaire n’a pas connu un développement plus important que celui qui a été le sien ? Car si certains diront qu’il est techniquement difficile, ce n’est pas non plus un Moth !
Osons des hypothèses : la première serait que ce formidable bateau est d’abord et avant tout un refus du compromis, quelque chose d’exclusif qui dénote dans la gamme RS.
Refus des compromis esthétiques. ce bateau est un pur objet de design avec le côté forcément repoussant que cela peut avoir. On aime ou on déteste, on ne reste pas indifférent !
Refus des compromis techniques : sa carène tout à la fois tendue et ronde est entièrement dessinée pour limiter la surface mouillée et favoriser la vitesse mais aussi l’instabilité. Hormis le Moth sur Foil, il est sans doute le dériveur solitaire sans trapèze le plus rapide au près.
Refus des compromis vis à vis de la performance et des sensations : ce bateau rappelle que même si RS Sailing a conçu des bateaux parfois plus sages et abordables que la concurrence, il y a dans leur gène d’abord et avant tout une culture de la performance : le RS600 avait ouvert la voie, le RS300 a continué.
Refus des compromis vis à vis du public cible. En Angleterre, la petite communauté des adeptes du RS300 est soudée, active et disons le assez expressive ! Des passionnés avec autant de « patate » que leur bateau mais des passionnés parfois à l’écart.
C’est sans doute pour ces raisons que le RS300 n’a pas connu un développement proportionnel à l’enthousiasme qu’il génère et proportionnel à son niveau de performance. Si vous recherchez un bateau qui soit d’abord et avant tout un bel objet, un engin pour se faire plaisir sans trop de contraintes alors foncez. On en trouve d’occasion à des prix très abordables et même s’il peut paraitre technique à certains, sachez qu’il reste accessible à n’importe quel pratiquant de dériveur ayant une expérience en dériveur.
Comme d’autres dériveurs de cette catégorie, le RS300 n’est pas à proprement parlé un skiff. Pourtant parmi les bateaux de cette catégorie des dériveurs solitaires sans trapèze, il est celui qui s’en rapproche le plus tant le refus des concessions et du compromis et son niveau de performance ainsi que l’esprit de ses défenseurs rappelle certaines des plus fameuses séries de skiff.